Lettres à soi-même

Lettres à soi-même
Nouvelle
Préparée par : Numan Albarbari

Elle s’appelait “Soubina”.
Un nom qui n’était pas un hasard griffonné par la main d’un employé sur un acte de naissance, ni une simple suite de lettres alignées qu’on appelle lors de la file du matin.
C’était une mélodie profonde, que son âme fredonnait chaque fois que l’absence la frôlait, et sur laquelle ses pas se balançaient depuis sa toute première halte sur le quai du monde.
Elle aimait son prénom comme une mère chérit son premier enfant : avec la passion de la découverte, la crainte de la perte et la profondeur de l’appartenance.
Elle y voyait l’ombre d’elle-même, un symbole qui ne ressemblait à nul autre, une fenêtre ouverte sur le monde à travers laquelle elle murmurait : « Me voici. »
Lorsqu’elle se maria, et qu’elle sentit dans son ventre un petit battement prêt à se façonner en être humain, l’univers s’élargit à sa joie, et ses rêves se mirent en mouvement comme des ailes ayant oublié comment voler.
Et quand elle mit au monde une fille, et toucha sa paume tiède de ses doigts tremblants d’étonnement, une seule pensée traversa son esprit :
« Cette petite portera quelque chose de moi… une ombre de mon nom… l’écho de mon battement. »
À partir de cet instant, elle se mit à fouiller dans les recueils de prénoms comme un poète fouille à la recherche d’un vers qui ressemble à son cœur. Elle comparait chaque nom à son propre ressenti et se demandait :
« Me ressemble-t-il ? Convient-il à mon ombre ? »
Jusqu’à ce qu’elle trouve un prénom qui n’était pas une simple suggestion, mais qui semblait jaillir de la côte de son propre nom :
“Soulina”.
Une autre note de la même partition.
Elle sourit et murmura en elle-même :
« Soubina… et Soulina… deux notes d’une seule mélodie. »
Mais à mesure que les années passaient, une voix ancienne revint l’appeler…
La voix de cette femme qu’elle avait presque oubliée, celle qui s’était perdue entre des rôles qu’elle n’avait pas choisis, entre des assiettes à ranger, des regards qui surveillent, et un mari qui se comportait comme si elle faisait partie de ses possessions.
Dans les soirées de solitude, elle s’asseyait devant son miroir… le fixant longuement…
Elle voyait une étrangère qui lui ressemblait, mais qui n’était pas elle.
Alors, elle interrogeait son reflet :
« Où es-tu partie ? Quand es-tu devenue une ombre sans voix ? »
Et de nuit en nuit, un cri monta en elle, qu’aucune oreille n’entendit, mais qui fut assez fort pour la conduire au seuil du divorce.
Elle ne cherchait ni une révolte creuse, ni une liberté fragile…
Elle désirait quelque chose de plus simple que tous les slogans de l’émancipation :
Qu’on l’écoute… qu’on croie à sa larme avant ses paroles…
Qu’on voie sa féminité avec tout ce qu’elle contient de brûlure et de désir — non pas comme une marchandise, ni comme un danger, mais comme un être en quête de sécurité.
Soubina, celle qui vivait en elle, ne demandait pas une délivrance charnelle ; tout ce à quoi elle aspirait, c’était qu’un homme, un soir, lui dise :
« Je te vois. »
Qu’il la voie écrivant dans l’ombre des lettres qu’on ne lit pas, mais qu’on écrit seulement pour ne pas se perdre.
Qu’il comprenne que ce regard jeté vers le miroir n’était pas de la vanité, mais une tentative de retrouver la femme qu’elle avait été.

Et voici que vint la première de ses lettres à elle-même…
Un soir sans rendez-vous, à travers un dialogue intérieur où elle s’adressait à son propre être, elle écrivit :
« Qu’est-ce que la femme ?
Est-elle un corps que l’on désire ?
Ou une âme qui écoute celui qui la comprend ?
Ou de petites peurs que nous dissimulons sous des parures soignées ?
Ou bien est-elle… moi ? »
Elle nota dans son cahier : « Lettres à soi-même » sous le titre :
« Qu’est-ce que la femme ? »
Dans un recoin chaleureux d’un petit cœur, sept femmes se réunissent en moi : elles ne sont liées ni par les âges ni par les lieux, mais par ces questions qui ne dorment jamais, par ces voix qui résonnent en elles comme l’écho de lettres encore non écrites.
Sara échangea un regard avec ses amies, puis murmura d’une voix douce, empreinte de doute et de méditation :
— « Qu’est-ce que la femme ? Est-elle un corps qui marche dans la foule ? Ou une âme qui se cache dans l’ombre d’une mélodie, respire dans les couleurs du ciel, et s’élève comme le soleil dans le firmament de l’âme ? »
Un silence s’installa un instant, comme si les mots avaient décidé d’écouter avant d’être prononcés. Puis, Maryam leva la tête, et d’une voix cultivée, elle énonça un verdict façonné par l’expérience des années :
— « La femme n’est pas un mot dans le dictionnaire des corps, mais un poème écrit par la vie, vibrant à chaque battement, brûlant parfois, et touchant le ciel d’autres fois. »
Je vis alors Ruqayya incliner la tête, puis lever son regard doux, et parler avec le calme de celle qui a vu la vie plus qu’on n’en a dit sur elle :
— « Elle est une fleur qui s’épanouit en silence, résiste face au vent, porte dans ses yeux des histoires encore jamais racontées… et dans chaque cheveu grisonnant, il y a l’histoire d’une lumière et d’une ombre. »
Dans un coin non loin, Leïla se mit à se gratter la tête et à hausser les épaules, comme si elle cherchait à arracher de son intérieur une voix qui murmurait depuis longtemps :
— « Elle est la mère qui germe dans les linceuls de la fatigue, la fille qui nourrit le matin d’un sourire, et la femme qui lutte en silence dans des arènes qui ne lui ont pas donné son nom. »
Hadil rit légèrement, écarta une mèche de son front et dit :
— « Assez de ceux qui la croient faible ! Elle est celle qui enfante l’espérance, qui porte la tendresse dans chaque regard, et qui bâtit des ponts au-dessus des fleuves de la peur. »
Samira tenait sa tasse de thé comme si elle étreignait la chaleur d’un cœur absent, puis murmura avec une pointe de nostalgie :
— « Alors, qu’est-ce que la femme ? Elle est toi, moi, et chaque femme qui fouille la vie à la recherche de son battement. Elle aime, elle lutte, elle crée, et par sa propre lumière elle illumine le front du monde. »
Rim baissa les yeux, puis regarda Samira avec des prunelles habitées d’une question inlassable :
— « Penses-tu que nous puissions nous contenter de ces définitions ? Ou bien la femme s’écrit-elle dans les actes ? Dans la persévérance ? Dans la constance ? »
Nohâ effleura sa main avec douceur, comme pour la rassurer, et dit :
— « Elle est plus que des mots. Elle est un souffle que l’on vit, un sentiment dans lequel on habite. Même dans les moments de faiblesse, elle est là… résistante dans le silence. »
Zaynab hocha la tête et dit d’une voix imprégnée d’une foi profonde :
— « Et la femme est aussi un esprit irradiant de foi, puisant sa force en Dieu, et mettant à profit ce qu’il y a dans le monde pour semer le bien dans les cœurs des autres. »
Leïla contempla le plafond un instant, puis demanda, comme si elle s’adressait à l’ombre de la ville qu’elle aimait et craignait :
— « Et dans la foule du réel, au milieu de la densité de la politique et des pressions, la femme demeure-t-elle la même ? Ou bien change-t-elle ? »
La voix de Durrah vint par téléphone, d’un lieu lointain, portée par le timbre d’une femme que les distances n’avaient pas vaincue :
— « Même dans les conditions les plus rudes, la femme reste une source de tendresse et de constance. »
Hasna, qui penchait vers le réalisme, dit :
— « En chacune de nous, il y a une femme qui lui ressemble. Il n’existe pas un seul modèle de perfection. »
Yasmin ajouta avec un sourire chaleureux :
— « Et parfois, l’amitié nous rend ce que nous avions perdu de nous-mêmes. »
Maryam rit et dit, en les désignant toutes du doigt :
— « La femme, c’est “l’autre” qui existe en chacune. Elle est la voisine, l’amie, la sœur qui lutte pour être elle-même. »
Sara soupira, puis lança, comme on jette une pierre dans une eau stagnante :
— « Alors, la femme commence-t-elle de l’intérieur ? Ou bien est-ce la société qui trace ses contours ? »
Ruqayya sourit et dit :
— « Les deux ensemble. La femme se façonne dans les charmes de son être et dans l’épreuve de la société. Elle est un être complexe… une source intarissable de vie. »
Ainsi, en cette soirée de confidences, elles ne parvinrent pas à une réponse définitive, mais elles surent que la femme n’est pas une question à laquelle on répond, mais une vie qui se vit, et qui s’écrit chaque jour, dans des cahiers qu’il ne faut jamais refermer.
C’est ainsi qu’elle résuma ce qu’elle avait entendu et rassemblé pour former sa première lettre de la série « Lettres à soi-même ».
Qui est la femme ?
Est-elle un corps qui chemine parmi les gens,
ou une âme palpitant de vie,
demeurant entre les couleurs
et resplendissant comme le soleil dans le ciel de l’émotion ?
La femme n’est pas un simple mot :
elle est un poème écrit sur les pages du temps,
un rêve, une espérance,
une force discrète, invisible, mais ressentie dans chaque battement de cœur.
Elle est une fleur qui s’épanouit en silence,
qui résiste face aux tempêtes,
qui porte dans ses yeux des histoires encore jamais racontées,
et des récits tissés de lumière et d’ombre.
Elle est la mère qui donne sans limites,
la fille qui étreint l’aube d’un sourire,
et l’amie qui éclaire ton chemin lorsque les lumières s’éteignent.
La femme n’est pas un être faible, comme certains le croient,
mais la force qui enfante l’espérance,
la tendresse qui fait fondre la glace,
et la détermination qui bâtit des ponts entre l’impossible et le possible.
Alors, qui est la femme ?
Elle est toi, elle est moi, elle est chaque femme qui lutte pour elle-même,
qui aime, qui donne, qui crée.
Elle est la vie dans toutes ses couleurs,
elle est le secret de l’existence, la joie de l’univers.

Par une soirée paisible, un cercle de femmes se réunit dans un salon littéraire chaleureux, diffusé sur une chaîne de télévision où les âmes se rencontraient avant les mots, et où les histoires se partageaient avant les analyses.
Les murs semblaient murmurer des secrets, et les souffles dansaient au rythme du thé brûlant.
Sara prit la parole, ses yeux brillants de la flamme du savoir :
— « Qu’est-ce que la liberté pour la femme ? Est-ce une idée que l’on convoque dans les nuits, ou un battement qui habite nos profondeurs ? »
Maryam répondit, d’une voix chargée de la sagesse des années :
— « La liberté pour la femme, c’est la capacité de choisir son destin, d’être ce qu’elle veut être, sans chaînes qui emprisonnent son âme. »
Ruqayya leva la tête, les yeux étincelants de fierté :
— « La dignité pour la femme, c’est de préserver son être de la fracture, de marcher sur son chemin avec confiance, et de refuser tout ce qui l’humilie. »
Hadil sourit, et dit d’un ton chaleureux :
— « L’affection chez la femme n’est pas une faiblesse, mais une force qui habite le cœur, qui lui permet d’aimer, de donner, et d’illuminer la vie de ceux qui l’entourent. »
Samira prit la parole d’une voix marquée par l’écho des expériences :
— « La fierté pour la femme, c’est de relever la tête face aux épreuves, d’être forte dans sa fragilité, et de marcher sur sa voie sans peur. »
Les femmes échangèrent des regards, chacune voyant en l’autre un miroir d’elle-même, comprenant que la liberté, la dignité, l’affection et la fierté ne sont pas de simples concepts, mais une vie vécue, racontée et transmise.
Dans ce salon, les mots n’étaient pas de simples lettres, mais des battements de cœur qui narraient l’histoire de la femme en quête d’elle-même, dans un monde en perpétuel changement, où elle demeure pourtant la lumière qui ne s’éteint jamais.
La Femme et la Lumière
Dans un salon chaleureux, oublié entre les couloirs d’un livre littéraire, un cercle d’hommes et de femmes s’était formé autour d’une table où s’éparpillaient des tasses de café et des carnets imprégnés de souvenirs et d’encre. Les lumières, tamisées, n’osaient troubler ni les lettres lorsqu’elles murmuraient, ni les visages lorsqu’ils se dévoilaient. Là, dans ce recoin, la conversation prit naissance : on parlait de la femme.
Iyad dit d’une voix profonde :
— « La femme est une lumière qui ne ressemble pas à l’éclat éphémère… Elle est la clarté qui jaillit de l’intérieur, de ce lieu que ni le regard n’atteint, ni l’analyse froide ne saisit. »
Lujayn l’interrompit, se penchant vers l’avant :
— « Tu veux dire que la lumière en elle n’est pas visible ? Qu’elle est plutôt un sentiment ? »
Il hocha la tête et poursuivit :
— « Dans ses yeux, il y a une étincelle de vie, et dans son cœur, une lampe qui ne s’éteint jamais. Si elle marche dans l’obscurité, elle éclaire non seulement la terre, mais aussi ceux qui l’entourent, ceux qui la suivent… peut-être même la mémoire du temps lui-même. »
Salma intervint, traçant un cercle du bout de son doigt sur le bord de sa tasse :
— « On dirait que tu nous ramènes au premier instant… à l’instant où la lumière fut créée femme. »
Mayssa sourit et ajouta :
— « Mais elle n’illumine pas parce qu’elle sait sourire… Elle éclaire parce qu’en elle réside une oasis inépuisable, qui abreuve de son ombre les passants, et qui garde la lumière pour ceux qui l’ont perdue. »
Un murmure d’admiration parcourut l’assemblée. Iyad reprit après un silence méditatif :
— « La lumière en elle n’est pas une couleur, mais une essence, une vertu, un être… Elle est lumière quand elle étreint un enfant, quand elle veille sur un rêve, quand elle comprend sans qu’on la questionne, et quand elle pardonne sans qu’on le lui demande. »
Nadâ, au bout de la table, dit d’un ton mesuré :
— « Rien n’éclaire autant que l’âme de la femme… »
Rami, à ses côtés, murmura :
— « Et aucune nuit ne résiste à ses yeux. »
Elle poursuivit, en le fixant du regard :
— « Quand elle dit : “Me voici”, l’obscurité se fend d’un chemin que le cœur ne saurait égarer. »
Les voix d’approbation s’élevèrent, mais Yumna leva la main et demanda :
— « Brille-t-elle toujours ? Ne s’éteint-elle pas parfois en nous ? »
Le silence tomba un instant. Iyad répondit à mi-voix :
— « Elle s’affaiblit quand elle est blessée, mais jamais elle ne s’éteint. »
Avant qu’il ne poursuive, Rubâ proposa :
— « Laissons chacun de nous raconter une lumière féminine de sa vie… une mère, une sœur, une amante, ou une amie, qui lui a offert un chemin ou un refuge. »
Quelques lampes furent éteintes, et un récit doux se mit à circuler, comme si le lieu lui-même s’était mis à écouter… Un nouveau chapitre d’histoires venait de s’ouvrir.
À peine les premiers récits calmés, l’assemblée remarqua le changement dans les yeux de Mayssa. Elle fixait le vide au-delà de la fenêtre, comme si elle rappelait un souvenir enfoui. Elle dit d’une voix basse :
— « Quand la femme aime, elle embrasse l’univers entier. Elle fait de son être une patrie, de ses bras un abri, et de sa patience une étoffe qui te couvre dans les soirs glacés. »
Les têtes s’inclinèrent doucement, comme si ses mots portaient la chaleur des mères.
Lujayn ajouta, avec le ton de celle qui connaît l’expérience :
— « Elle maîtrise l’art de contenir même lorsqu’elle est brisée… Elle dissimule ses fractures derrière un sourire paisible, et dit : “Je vais bien”, pour ne déranger personne. »
Iyad, baissant les yeux vers sa tasse, répondit :
— « Mais elle ne va pas toujours bien… Et parfois nous oublions qu’elle aussi a besoin d’être portée, comme elle porte les autres. »
Nadâ reprit avec une voix empreinte de nostalgie :
— « Je me souviens de ma mère… Jamais je ne l’ai entendue se plaindre. Elle nous rassemblait sur sa poitrine, même quand nous étions fautifs, comme si elle nous pardonnait avant même que nous ne demandions pardon. »
Rami acquiesça :
— « Et quand elle aime, elle aime de tout son être… sans mesure, sans hésitation, sans demi-présence. »
Rubâ conclut avec fermeté :
— « L’étreinte féminine n’est pas une faiblesse… C’est la force de celle qui sait apaiser la tempête par une étreinte, et non par un argument. »
Yumna éclata de rire :
— « Nul besoin de lui expliquer ce que tu ressens… Il suffit qu’elle te regarde pour comprendre. Peut-être même t’apporte-t-elle une tasse de thé sans que tu l’aies demandée, en disant : Tiens… j’ai pensé que tu pourrais en avoir besoin. »
Iyad murmura, comme s’il se parlait à lui-même :
— « Comment maîtrise-t-elle cet art ? Comment unit-elle raison et émotion dans une symphonie sans fausse note ? »
Salma répondit :
— « Parce qu’elle est née sur un autre rythme… Elle écoute ce qui ne se dit pas, et caresse la blessure sans nier son existence. »
Les présents se regardèrent, comme si cette parole venait de les éveiller, de les tourner vers ce qui les habite au plus profond.
Mayssa prit alors la parole, comme pour clore le chapitre :
— « La femme t’accueille quand tu es perdu, t’enlace quand tu as peur, te pardonne quand tu te trompes… Et si elle se tait, c’est peut-être qu’elle t’a déjà enveloppé de son silence. »
Un court instant suivit, chargé d’une certaine gravité, comme si tous venaient de réaliser qu’ils avaient un jour croisé cette étreinte sans en mesurer la grandeur… qu’après s’en être éloignés.
La confusion
La femme, lorsqu’elle aime, ne marche jamais sur un fil droit.
On la voit comme un cœur courant à travers des champs d’hésitation, tenant la nostalgie d’une main et la peur de l’autre, se demandant en secret :
« Est-il possible d’aimer à ce point ? Et m’est-il permis de garder encore quelque chose pour moi ? »
La femme ne se trouble pas parce qu’elle est faible, mais parce qu’elle ressent avec une intensité invisible, et parce qu’elle sait que si l’émotion se répand sans retenue, elle risque d’engloutir celui qu’elle aime au lieu de l’abreuver.
La confusion affective chez la femme n’est pas une faille dans son sentiment, mais bien la preuve de sa transparence. Elle paraît parfois incapable de jouer un rôle, incapable d’offrir un visage en en cachant un autre.
Elle veut aimer de tout son être, car elle craint que tout son être lui soit pris. C’est pourquoi elle marche sur la pointe de ses émotions, bégayant lorsqu’elle cache sa nostalgie, souffrant tout en souriant à l’absence.
La femme aime, mais dans sa confusion elle protège ce qui lui reste d’elle-même. Elle protège l’équilibre entre le don et la dignité, et cherche un abri qui comprenne son silence, une main qui ne lui demande pas d’être toujours sûre d’elle, mais qui lui dise : « Trouble-toi autant que tu veux, je suis là… Je n’ai pas peur de ta profondeur ni du frisson de ton cœur. »

Le silence
Le silence d’une femme n’est ni vide ni absence…
Il est, le plus souvent, un trop-plein d’émotion qui n’a pas trouvé de forme digne de sa vérité.
Lorsqu’elle se tait, elle cache une tempête qu’elle ne veut pas laisser blesser. Elle ordonne en elle des mots qui, s’ils sortaient, pourraient briser, défigurer ou blesser celui qu’elle aime.
Elle ne se tait pas parce qu’elle ignore l’art de parler, mais parce qu’elle maîtrise d’abord celui d’écouter son âme. Parce qu’elle sait donner au chagrin une place, au reproche une limite, et à la peur le droit d’être nommé doucement… ou pas du tout.
Le silence affectif d’une femme n’est pas un retrait, mais une protection :
protection de l’amour contre le désordre de ses élans, protection de la dignité contre la méfiance, protection de l’espace entre deux cœurs contre l’étroitesse d’un instant de fatigue.
Et parfois, elle se tait parce qu’elle a souvent expérimenté que certaines confidences ne sont entendues qu’avec une dureté qui blesse, et que la sincérité la plus belle, si elle ne trouve pas une oreille tendre, se transforme en blessure comptée contre elle plutôt que pour elle.
Lorsqu’une femme se tait dans l’amour, ne néglige pas son silence. Approche-toi comme d’un secret, lis dans ses yeux : dans le silence de l’amoureuse, il y a mille livres jamais écrits, mille phrases jamais dites… sauf à celui qui sait écouter le battement, et non la langue.

La perte
La perte, pour la femme, n’est pas un instant tranché du temps…
C’est une onde secrète qui continue de palpiter dans ses profondeurs chaque fois qu’elle sourit.
La femme ne perd pas comme les autres…
Elle ne se contente ni de larmes ni d’oubli : elle garde les détails de la perte dans des lieux que la lumière n’atteint pas — une intonation de voix, l’odeur d’une chemise, l’ombre d’un adieu suspendu au seuil.
Son émotion dans la perte n’est pas faiblesse, mais fidélité douloureuse…
Une fidélité qui s’infiltre dans son sommeil, dans son silence, dans la tendresse qu’elle offre aux autres — sans qu’ils devinent que la douceur qu’ils reçoivent d’elle est un fragment d’une tendresse ancienne qu’elle ne sait plus à qui donner.
Elle cultive sa tristesse comme on cultive une fleur sur le rebord d’une fenêtre : elle l’arrose, lui parle, puis la cache aux regards pour qu’elle ne soit pas blessée.
Et il se peut qu’elle aime encore après la perte, mais toujours un peu d’elle demeure là-bas… figé dans un instant inachevé, une parole non dite, une étreinte effondrée avant d’avoir pu se refermer.
La femme, dans la perte, ne sait pas oublier, mais elle sait vivre : sourire avec prudence, aimer avec lenteur, se protéger elle-même quand la terre tremble de nouveau sous ses pas.
La perte lui a appris que l’éloignement ne se mesure pas à la distance, et que le véritable départ, c’est l’absence de celui qui reste pourtant vivant dans la mémoire.
Le silence affectif
La femme ne révèle pas toujours ce qui est dans son cœur…
Non pas parce qu’elle ignore l’expression, mais parce qu’elle maîtrise l’art de la conservation.
À l’intérieur d’elle, une émotion marche sur la pointe des mots, légère, tremblante, mais sans jamais tomber.
Son affect n’est pas appelé par des noms, ni accroché aux murs ; il existe dans un regard furtif, dans le frémissement d’une main, dans le soin qu’elle met à préparer une tasse de café, dans la prière silencieuse avant le sommeil.
La femme ne sait pas feindre ses sentiments : elle aime entièrement, ou elle se retire dans son silence. Et ce silence… n’est pas de l’aridité, mais une eau cachée qui t’arrose sans que tu t’en rendes compte, une tendresse qu’elle ne dit pas… car la prononcer l’affaiblirait.
Tu pourrais passer à côté d’elle et la croire froide, mais si tu t’approches un peu…
Si tu écoutes le calme en elle, tu verras combien de cœurs y battent, combien de chaleur d’attente elle cache sous son oreiller.
L’affection silencieuse chez la femme n’est pas un manque d’amour, mais une noblesse dans l’amour.
Elle t’aime sans te déstabiliser, elle te désire sans te lier, et elle croit que la sincérité n’a pas toujours besoin de voix.

Le dévoilement différé
La femme ne révèle pas toujours ses sentiments au moment où elle les ressent, et ne se précipite pas pour les dire, comme le pensent ceux qui ignorent le souffle long qui l’habite.
Elle conserve ses mots dans son cœur comme on garde un parfum dans un flacon qui ne s’ouvre qu’au moment opportun.
Son dévoilement n’est pas pour remplir un vide, mais pour l’offrir à un lieu sûr, à une oreille qui ne juge pas, à un cœur qui ne trahit pas.
Elle connaît parfaitement ce qu’elle ressent, mais ne le dit que lorsqu’elle est sûre que la parole ne sera pas gaspillée, que le sentiment ne sera pas réduit, que son cœur ne sera pas rabaissé devant des yeux incapables d’écouter.
La femme diffère le dévoilement, non par peur, mais parce qu’elle sait ce qui convient à son émotion.
Lorsqu’elle aime, elle aime avec une profondeur qui ne peut se dire dans l’instant ; lorsqu’elle désire, elle désire en silence, et ce silence ne se prononce pas à la hâte.
Le dévoilement différé chez elle…
n’est pas hésitation, mais sanctuaire pour les émotions, un timing parfait pour le battement du cœur, et le désir pur que sa parole soit un cadeau, et non une confession.
Elle se tait, écrit, déchire ce qu’elle a écrit, puis se contente d’un regard ou d’un geste effleurant les mots.
Ainsi, elle se dévoile… sans parler, aime… sans déranger, et attend… sans peser.

L’intuition
La femme n’attend pas la vérité pour la percevoir, elle la sent avant qu’elle n’arrive, lit les intentions avant qu’elles ne soient prononcées, et devine les changements dans la voix, le regard, l’absence de détails infimes.
En elle, il y a quelque chose qui ressemble à un vieux radar : on ne le voit pas… mais il fonctionne.
C’est l’intuition, née avec elle, qu’on ne lui a pas enseignée.
Elle la sent lorsque les sentiments se tordent, lorsque le rythme caché du sens change, lorsque la présence s’affaiblit malgré l’absence.
L’intuition chez la femme n’est pas une imagination, mais une certitude sans preuve.
Elle l’éveille la nuit sans raison, la pousse à saisir le téléphone alors que le message est en route.
Elle sait que tu n’es pas bien… même si tu lui assures que tout va bien.
Quand elle scrute longtemps les yeux, elle entend ce qui est au-delà, et ressent ce qui n’est pas dit.
Et quand quelque chose tremble dans son cœur, elle écoute ce frisson, le croit, puis sourit… comme si elle savait toujours.
L’intuition n’est pas de la magie, mais la sagesse du cœur quand il est pur. Et l’intuition féminine…
est cette lumière faible qui n’éclaire pas la pièce, mais illumine l’intérieur.
Grâce à la sincérité de son intuition, elle aime avant d’aimer, pardonne avant d’être blessée, et s’éloigne… avant qu’on ne lui dise le mot du départ.
La nostalgie
La femme est ce fleuve qui ne tarit jamais, portant dans ses profondeurs les souvenirs de ceux qu’elle a aimés, les récits des jours passés, et les empreintes laissées par des pas indélébiles.
La nostalgie en elle n’est pas un instant fugace, mais un long voyage à travers le temps, qui l’envahit chaque fois que le soleil se cache, et qui l’habite lorsque les voix se taisent.
Elle désire en silence tout ce qui fut, les moments d’étreinte, les mots qui ne furent pas prononcés, et les instants que les yeux pleurèrent sans que les lèvres ne versent une larme.
Dans le cœur de la femme, une nostalgie ne s’éteint pas par la distance, ni ne s’adoucit par le départ des visages.
C’est la nostalgie de l’âme, pour une mémoire qui brûle en elle, voyageant dans ses ombres chaque nuit, revenant au premier regard, au premier rire, au premier murmure.
Elle porte cette longue nostalgie comme un trésor, la ravive chaque matin, et l’envoie avec la brise nocturne, comme pour dire à la vie :
« Je suis ici, avec cette nostalgie qui fait mon essence. »
La nostalgie n’est pas faiblesse, mais force qui enflamme l’espoir dans la femme, et la protège du froid de l’oubli.
C’est ce battement qui lui enseigne à aimer, et à rester fidèle à ses engagements, même si le temps lui échappe.

L’absence
Il existe des absences invisibles, que l’on ne mesure ni par les distances ni par les heures, des absences qui vivent au cœur de la femme, comme une ombre qui ne la quitte jamais, comme un écho qui revient sans fin.
C’est une absence douce et amère à la fois, celle de ceux qui ne sont pas partis, mais absorbés dans un lieu proche et pourtant lointain, flottant en silence dans les recoins de son cœur, remplissant un vide inaudible, laissant une trace indélébile.
La femme sent cette absence comme elle sent l’air : elle ne le voit pas, mais elle le perçoit dans l’obscurité de ses yeux, le touche dans le silence des mots, le ressent dans les instants de solitude que personne ne connaît.
Cette absence lui enseigne la patience, plante en elle la graine de l’espoir, mais l’alourdit aussi d’une tristesse silencieuse, la contraignant à sourire alors que les larmes voudraient couler.
L’absence est une épreuve quotidienne, une surprise de solitude au milieu de la foule, et une leçon de force lorsqu’elle ne trouve personne pour écouter ou voir ce qui n’est pas dit.
Malgré tout, la femme conserve sa présence, cache cette absence au plus profond d’elle-même, cultive la graine de la patience, et attend le moment où la présence de celui qui fut absent refleurira, remplissant le vide et dissipant le silence.

Le désir de protection
La femme n’est pas seulement un symbole de force et de ténacité, elle est aussi une fleur qui rêve d’une main douce qui la touche, d’un cœur qui l’étreint lorsque les vents soufflent fort, et d’une ombre qui la protège de la chaleur des jours et des flammes du monde.
À l’intérieur d’elle, un désir muet s’épanouit, une mélodie de sécurité qui bat dans ses profondeurs, une voix silencieuse qui demande aide sans diminuer sa puissance. Ce désir de protection n’est pas faiblesse, mais une aspiration naturelle à partager son chemin, à trouver celui qui éclairera sa route lorsque l’obscurité l’envahit.
Quand l’arbre de sa dignité vacille en elle, elle aspire à la présence d’une main qui console, d’une voix qui rassure, d’un étreinte qui insuffle la sérénité malgré les tempêtes.
La femme qui ne cherche pas la protection sait se battre, mais elle sait aussi quand se laisser aimer, quand la main de l’être aimé devient refuge et non contrainte, quand son étreinte est un foyer et non une prison.
C’est le rêve qui aspire à la sécurité d’un cœur attentif, à l’œil qui veille sur son confort, à la parole qui élève plutôt qu’elle n’abaisse, au silence qui se transforme en manteau de tendresse invisible.
Et dans ce désir réside sa féminité : une force qui ne se mesure pas à la bravoure, mais à la sincérité du besoin d’être protégée de soi-même, et à l’aptitude à faire habiter son cœur par la sérénité qu’elle mérite.
L’émerveillement
La femme est cette étincelle qui jaillit dans ses yeux lorsqu’elle découvre la vie pour la première fois, lorsqu’elle ouvre les portes closes devant elle, et voit le monde à travers les yeux d’une enfant portant la curiosité du ciel, se questionnant, s’étonnant, s’émerveillant.
Le premier émerveillement n’est pas un simple instant, mais une explosion intérieure qui éveille son âme, allume dans son cœur les flammes du rêve, et la remplit d’un désir pur de comprendre ce qui l’entoure.
C’est un moment qui lui rappelle qu’elle est nouvelle, non corrompue par les jugements préconçus, ce moment où elle touche pour la première fois la main de l’amour, entend la mélodie de la vie dans ses notes immaculées, et sent le monde l’appeler, s’envolant avec des ailes qui ne connaissent pas l’abattement.
L’émerveillement transforme la femme en un être vibrant d’une vie différente, chantant avec les brises du matin, dansant avec la lumière de la lune, rêvant de choses que les mots ne sauraient exprimer.
Dans cet émerveillement, elle découvre sa propre essence, commence son voyage vers la compréhension d’elle-même et du monde, se sentant doucement accueillie, avec les portes de l’espoir ouvertes devant elle, amorce de toute force, de toute douceur et de tout rêve nouveau.

Le combat silencieux
La femme mène des combats invisibles, des guerres intérieures livrées dans les couloirs du cœur et de l’âme, des luttes qu’elle ne proclame pas et dont la voix ne résonne pas, ce sont les batailles du silence, qui ne se font pas avec des épées, mais avec des mots tissés en douceur au fond d’elle-même.
Dans son silence, elle réorganise ses pensées, affronte ses peurs et ses chagrins, lutte contre ses démons intimes, et trace de nouvelles limites à sa force et à son être.
Le combat silencieux n’est pas faiblesse, mais la plus belle forme de puissance, où la femme endure la douleur sans la montrer, étouffe sa frustration, allège ses fardeaux par une tendresse discrète, tout en maintenant un visage affichant un sourire résistant.
C’est un cri que l’oreille n’entend pas, mais qui résonne au plus profond de l’âme, preuve que la femme résiste, forge son être dans le silence, et triomphe de tout ce qui voulait la briser.
Dans ce combat silencieux, la femme renaît, forte, résiliente et libre, annonçant sans mot que sa force réside non dans ses cris, mais dans le silence qui exprime les formes les plus profondes du défi.

Le miroir
Le miroir n’est pas seulement un morceau de verre reflétant l’image, mais une fenêtre par laquelle la femme contemple son propre être, confrontant ce qu’elle voit et ce qu’elle cache profondément.
Quand elle se regarde dans le miroir, elle ne voit pas seulement les traits d’un visage, mais rencontre le battement de son âme, questionne son reflet sur des histoires non racontées, sur des rêves et des secrets tissés dans les lignes du temps.
Le miroir lui révèle une force cachée, montre sa vulnérabilité qu’elle n’a pas honte de reconnaître, y compris la tristesse et la joie, le doute et la certitude, la perte et le retour.
C’est le miroir de la vérité qui ne dissimule rien, qui force la femme à accepter, à s’aimer, et à découvrir son propre être au-delà des masques et des faux-semblants.
À chaque regard dans le miroir, la femme réorganise ses chapitres, réécrit l’histoire de soi, et réaffirme que la vraie beauté n’est pas dans l’apparence, mais dans la paix avec soi-même.
La peur
La peur habite les profondeurs de la femme, non pas comme une faiblesse, mais comme un battement d’alerte, un ami qui garde la porte de l’âme, la protège de blessures inachevées et instille dans son cœur une vigilance constante.
La femme vit sa peur en silence, ne lui permettant pas de la briser, mais l’utilise comme carburant pour transformer la fragilité en solidité, le doute en certitude, et l’hésitation en décision.
Dans l’ombre de la peur, elle apprend à être prudente, à protéger son espace, à distinguer ceux qui méritent l’amour de ceux qui ne le méritent pas.
Mais la peur lui enseigne également le courage : comment avancer malgré elle, comment construire un pont de bravoure pour atteindre ce qui se trouve au-delà des ombres de l’inquiétude.
C’est un ami qu’elle ne choisit pas, mais qu’elle maîtrise, dialogue avec lui et coexiste, jusqu’à ce que son être devienne une légende de lumière, défiant toutes ses peurs en silence.

L’embrasement
La femme s’embrase parfois comme une bougie illuminant la nuit obscure, brûlant en silence sans éteindre sa lumière, se fondant en elle-même, donnant jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à devenir elle-même une cendre parfumée.
C’est un embrasement invisible, mais qui allume en elle des feux éternels : feux de générosité, d’amour et de loyauté. Elle se sacrifie entièrement, mais ne perd jamais son âme dans la flamme.
L’embrasement chez la femme est le conflit entre douleur et dignité, entre extinction et éclat, entre abandon et persévérance dans l’espoir. C’est un moment où elle perd une part d’elle-même pour renaître plus forte, plus pure et plus profonde.
Dans chaque embrasement se cache une histoire tracée dans les lignes de la douleur, mais c’est aussi une histoire de lumière, la lumière que crée un cœur enflammé, illuminant le chemin autour d’elle, même si seule elle brûle.

La mémoire de l’affection
L’affection dans le cœur de la femme n’est pas un instant éphémère, mais une mémoire renouvelée, gardant chaque murmure, chaque sourire, chaque larme versée en silence, logée dans les recoins de son âme comme un trésor précieux.
La mémoire de l’affection redonne aux jours leurs couleurs, rappelle la fragrance du passé et dessine les traits de ceux qu’elle a aimés, perdus, ou continué à attendre.
La femme porte la mémoire de son affection comme une toile vivante, conservant la douleur de la perte, le désir des retrouvailles, la passion de l’amour et le calme du cœur lorsque les tempêtes se dissipent.
Cette mémoire ne disparaît pas ; elle devient un phare illuminant son chemin, lui enseignant comment aimer profondément, comment patienter en silence et comment construire à partir des ruines d’hier les ponts de demain.
Dans la mémoire de l’affection réside la femme : un esprit immortel, qui aime, souffre, guérit, se renouvelle chaque jour et écrit l’histoire de son existence sur la page du temps.
L’éclat du cœur
Le premier frisson n’est pas un simple mouvement du cœur, mais une anticipation qui emplit l’âme, un battement secret révélant la naissance de sentiments nouveaux, le début d’un voyage invisible à l’œil nu mais profondément ressenti au fond du cœur.
La femme garde cette lueur comme un fragment sacré, un secret qui indique qu’un changement s’opère, que le sentiment commence à frapper doucement à sa porte, la remplissant d’hésitation, de perplexité et d’un espoir silencieux.
À cet instant, les émotions s’entrelacent entre peur et joie, entre attente et inquiétude, et la femme commence à explorer son être, redessinant les contours de son monde intérieur.
Cette première lueur est un battement délicat, la signature de ce moment où elle entre dans le monde de l’affection, un monde nouveau qui redéfinit son existence et la rapproche de son vrai moi.

La timidité
La timidité chez la femme n’est pas une faiblesse, mais un langage silencieux qui exprime sa délicatesse, son désir de protection et sa prudence face à des mondes pouvant la blesser.
C’est un sentiment qui enveloppe ses mots, tremble dans ses yeux, se retire dans le rouge de son sourire, fait battre son cœur lorsqu’elle s’approche de ce qui ne peut être dit.
Dans la timidité, la femme préserve son univers intime, juge ce qui mérite d’être révélé et ce qui doit rester protégé dans l’ombre.
Mais la timidité ne l’empêche pas d’être forte. Derrière ce voile léger se cache un grand courage, attendant le moment opportun pour se révéler, avec une voix claire et affirmée.
La timidité est le revers de l’innocence, la clé pour comprendre la femme en profondeur. Quand elle se confie, le silence aura déjà tout dit, ouvrant la porte à une véritable rencontre.

Qui est cette femme ?
Elle apparaît maintenant comme « la fenêtre de lumière bleue ».
La nuit légère de la ville, froide sans être cruelle, pesante sans être insupportable.
Subina est assise au bord de son lit, comme prête à fuir — non pas un lieu physique, mais une prison invisible, un fil fin tendu entre le regard glacial de son mari et la voix de sa mère qui ressemble à des miroirs brisés lorsqu’elle l’appelle : « Subina ! Lève-toi et sers-le ! »
À cet instant, Subina devient quelqu’un d’autre, différente de celle qu’elle écrivait dans ses cahiers au lycée, différente de celle qui cache encore son carnet dans une armoire jamais ouverte.
L’écran de son téléphone clignote, la lumière bleue se reflète sur sa joue.
Ce moment fait partie d’un rituel nocturne qu’elle ne peut ignorer. Quand la maison dort, et que les ordres se taisent, commence sa « quête de l’autre » — pas un homme au sens plat du terme, mais un partenaire qui écoute, croit, questionne avec elle, qui lui rend son nom lorsqu’elle le lit dans des messages anonymes :
• « J’aime les femmes intelligentes »
• « Je cherche une conversation sincère »
• « Je ne supporte pas les relations superficielles »
Des phrases peut-être répétitives, mais qui signifient beaucoup pour celle qui n’est jamais abordée dans sa langue.
Elle écrit son premier message, puis le supprime.
Elle le reformule.
Elle l’efface encore.
Elle écrivit enfin :
“Bonsoir… penses-tu qu’une femme comme une ombre puisse aimer ?”
Elle resta fixée sur l’écran, comme si elle attendait un miracle.
Et elle se mit à imaginer :
Et si la voix de l’autre côté était sincère ?
Et si ses mots étaient lus comme elle les écrivait dans ses cahiers du lycée ?
Et si on la voyait simplement comme une femme, pas comme un emploi, pas comme un oreiller, pas comme une côte manquante ?
Un miroir qui ne ment pas
Dans le coin le plus reculé de sa chambre, là où la lumière est faible, ni révélatrice ni cachante, Sobina se tenait devant son miroir comme face à un adversaire sans complaisance.
Le même visage.
Les mêmes cheveux.
Les joues pleines que sa mère avait toujours louées comme secret de beauté, avant qu’elles ne deviennent le reflet d’une fatigue combattant la beauté.
Elle baissa les yeux avec hésitation, comme si elle n’osait pas affronter le reste de son corps.
Les épaules légèrement affaissées, fatiguées de porter le monde…
Les seins commençant à perdre leur rondeur sous le poids de l’allaitement et de l’oubli…
Un ventre plus souple, traversé par de fines stries semblables à une carte d’un lieu qu’elle ne reconnaît plus.
Les hanches inchangées… mais quelque chose y semblait étrange, comme si la gravité ne se contentait plus de tirer les choses vers la terre, mais vers un âge plus lointain.
Elle posa sa main sur sa cuisse, sentant une peau moins tendue qu’autrefois, comme pour lui dire : « C’est moi… et le temps est passé ici. »
Elle murmura pour elle-même :
— « Suis-je encore moi ? Ou ce miroir reflète-t-il une autre femme… plus calme ? plus pâle ? »
Pourtant, dans ses yeux, il y avait une étincelle de celui qui connaît le chemin même lorsqu’il se perd, et qui sait qu’une femme, dans ses moments les plus profonds, ne se mesure pas au ventre plat ni à la peau lisse, mais à la capacité de rester face au miroir… sans fuir.
Les longues nuits.
Elle fixa son reflet…
Était-ce vraiment elle ?
Celle qui souriait dans les photos de mariage anciennes et cachait un carnet rempli de mots que personne ne connaissait ?
Celle qui écrivait jadis :
“Je suis une femme… et non un vase, ni un corps, ni une obéissance.”
Elle fit un pas vers le miroir.
Et murmura, presque inaudiblement :
— « Pourquoi ne me vois-tu pas ? »
Mais le miroir était trop honnête… montrant chaque ligne fine autour de ses yeux, la pâleur de lèvres qui n’avaient pas dit « je t’aime » depuis longtemps.
Ce soir, elle n’avait rien mis sur son visage, ni khôl, ni rouge à lèvres… juste le désir de se voir nue, dépouillée de toute décoration, de tout artifice.
— « Où es-tu partie ? »
Encore un murmure.
Elle interrogeait cette jeune fille qui écrivait des lettres d’amour anonymes à l’école, croyant que le monde s’ouvrirait à sa féminité, que la vie se plierait si elle marchait avec confiance dans les couloirs de ses rêves.
Mais la vie l’avait tenue par la main, l’avait placée dans une maison aux fenêtres rares, ne laissant qu’une petite ouverture nommée « le miroir », qui révélait mais ne sauvait pas, qui disait la vérité sans répondre.
Elle leva la main, caressant sa joue comme pour toucher une autre femme.
Et souffla enfin, presque à voix basse :
— « Si tu es revenue… si tu es toujours là… donne-moi un signe. »
Une larme tomba.
« Le miroir ne l’a pas effacée. Il lui renvoie chaque ligne de son visage, chaque trace du temps, sans indulgence, sans mensonge. »

Petites frappes sur le verre
À peine avait-elle prononcé sa question devant le miroir que vint un léger bruit, comme un fil de rosée :
– « Maman… que fais-tu ? »
Soubina se retourna vivement, comme surprise en train de voler un instant — mais elle ne volait rien, si ce n’est un moment vrai avec elle-même.
Devant la porte se tenait “Rim”, sa plus jeune fille, en chemise de nuit rose, une poupée dans les mains, la tête penchée comme si elle s’était brisée de sommeil.
Soubina esquissa un demi-sourire et dit doucement :
– « Rien, ma chérie… je sortais juste quelque chose du placard. »
Rim s’approcha, se plaça entre sa mère et le miroir. Elle la regarda, puis son visage, puis murmura à moitié endormie :
– « Maman… pourquoi es-tu triste ? »
Soubina eut un hoquet intérieur. Elle ne s’attendait pas à ce que son visage trahisse ainsi son état.
Elle tenta de rire, de changer de sujet, mais la petite la devança :
– « Je t’ai entendue parler, mais je n’ai vu personne… Parlais-tu toute seule ? »
La mère se pencha vers sa fille, plongea dans ses yeux larges et sentit qu’elle voyait en ce petit visage un reflet d’elle-même, intact, pas encore marqué par la vie.
Elle posa sa main sur la joue de l’enfant et murmura :
– « Oui, ma chérie… parfois les adultes parlent seuls quand ils ne trouvent personne pour les écouter. »
– « Je t’écoute, maman… »
Rim étendit sa petite main, toucha la joue de sa mère, et essuya sa larme comme si elle savait.
À cet instant, Soubina comprit que tout ce qui lui manquait n’était pas un homme pour l’entendre, mais une oreille qui ne juge pas, un petit cœur qui ignore le mensonge.
Elle savait aussi… que la fillette s’endormirait bientôt, et qu’elle resterait seule, face à un miroir qui ne répondait pas, face à une vie qui attendait une décision qu’elle ne pouvait plus différer.
Avant de quitter la chambre, Rim se retourna et demanda :
– « Tu dormiras ce soir près de moi ? »
Soubina répondit sans hésiter :
– « Oui, mon amour… je dormirai près de toi. »
Puis elle éteignit la lumière du miroir, et resta là… à réfléchir seule.
Une fenêtre sur une lumière lointaine
Tard dans la nuit, après que tout le monde se soit endormi — la belle-mère dans sa chambre, le mari dans son lit toujours absent, et les enfants dans de petits rêves ignorants la douleur — Soubina s’installa dans le même coin. Mais cette fois, ce n’était pas devant le miroir, mais devant son téléphone portable, allongée à la lisière de la lumière bleue de l’écran.
Sa main tremblait légèrement, et son cœur semblait un oiseau sur le point de s’envoler.
Elle ouvrit Facebook sous un faux profil, ne portant de son nom que la première lettre. Elle l’avait créé deux mois plus tôt, mais n’avait jamais osé s’en servir jusqu’à présent.
En parcourant les publications, elle tomba sur un post d’un homme qu’elle n’avait jamais vu, un ami d’une amie. Sa photo de profil ne montrait pas un “beau prétentieux”, mais un homme souriant, avec de grands yeux empreints d’une tristesse noble.
Sur son profil public, il n’y avait ni moquerie ni distraction bon marché… mais des mots.
Des mots qui firent frémir quelque chose en elle.
Elle lut :
« L’enfant n’a pas besoin de cris pour comprendre, mais d’un bras qui saisit ce qui n’est pas dit. »
Puis :
« Ce n’est pas un défaut d’être simple… mais un crime de devoir feindre pour satisfaire un système aveugle de traditions. »
Puis elle s’arrêta longuement devant une phrase qu’il avait postée quelques jours auparavant :
« L’homme ne cherche pas une femme belle, mais une femme qui comprend que la beauté commence par la sincérité entre l’esprit et le cœur. »
Quelque chose frissonna dans sa poitrine.
Comme si quelqu’un avait écrit cette phrase pour elle.
Comme si, enfin, quelqu’un entendait cet appel ancien à l’intérieur d’elle… pas l’appel du corps, mais celui qui disait : « Regarde-moi… je suis là… une femme entière, de chair, de pensées et de rêves. »
Elle passa plus d’une heure à lire ses publications…
sur l’éducation moderne, la philosophie existentielle, la société qui étouffe l’amour au nom de la honte, et les femmes enterrées vivantes dans des maisons élégantes.
Et quand elle ferma son téléphone, Soubina n’était plus la même qu’une heure auparavant.
Quelque chose avait changé.
Quelque chose de faible, mais vivant.
Comme si la lumière bleue de l’écran avait fait pousser une fleur dans sa poitrine… attendant quelqu’un pour l’arroser.

Un petit bouton… un monde inconnu
Il était un peu après minuit.
La maison était silencieuse, les fenêtres fermées, mais la vraie fenêtre sur le monde pour Soubina était cet écran de téléphone.
Elle parcourut le profil une dernière fois, vérifia les photos, les publications, la liste d’amis, et s’arrêta sur un petit bouton en haut de la page :
« Ajouter un ami ».
Elle le regarda longuement.
Le bouton était gris, discret, il ne brillait pas, ne criait pas, mais il lui semblait comme une porte entrouverte vers quelque chose d’inconnu… vers une aventure qui pourrait la libérer… ou la briser.
Elle ferma les yeux un instant.
Des images se succédèrent dans son esprit : le cri de son mari, son petit garçon riant pendant qu’elle lui peignait les cheveux, sa mère à son mariage pleurant en secret, puis… elle-même, en robe blanche, un rêve brisé avant qu’il ne puisse dire « oui ».
Elle rouvrit les yeux.
Elle pressa le bouton.
« Demande d’amitié envoyée. »
Rien ne se produisit. Aucun éclair, aucun tremblement.
Mais son cœur était comme un plongeur tombé dans le vide, ignorant s’il allait voler ou s’écraser.
Elle avala sa salive.
Elle ferma brusquement le téléphone, comme pour empêcher que cet acte ne se répande dans l’air jusqu’aux chambres, jusqu’à son mari endormi, jusqu’à sa belle-mère experte en espionnage.
Et pourtant, pour la première fois depuis des années, elle ressentit quelque chose ressemblant à… la liberté.
Comme si elle s’était extirpée d’une petite entrave, d’un linceul doux mais étouffant.
Elle serra son oreiller contre elle, ne sachant pas si elle avait peur ou si elle était excitée.
Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle n’était plus la même femme qu’avant d’avoir appuyé sur ce bouton.

L’acceptation
À l’aube, lorsque les fils de lumière se glissèrent timidement à travers les lourds rideaux, Soubina se réveilla, comme sortie d’un rêve inhabituel.
Ce n’étaient pas les pleurs de la petite, ni le vacarme de la cuisine où sa belle-mère entamait ses rituels matinaux, qui l’avaient tirée du sommeil, mais quelque chose d’invisible…
Comme si son propre cœur possédait une horloge secrète, guettant quelque chose… inconnu, mais attendu.
Elle prit son téléphone avec hésitation, sa respiration plus prudente qu’empreinte d’impatience.
Elle ouvrit l’application… aucun message n’attendait sur l’écran, mais elle pénétra dans son profil comme on se dirige vers un premier rendez-vous dont seul le cœur perçoit les contours.
Et là…
Son cœur s’arrêta un instant.
« Monsieur X a accepté votre demande d’amitié. »
Une petite phrase, neutre, mais qui lui parut comme :
« Bienvenue dans une nouvelle vie. »
Elle prit son temps.
Aucun message de sa part pour l’instant.
Mais l’acceptation seule était déjà une reconnaissance de son existence, une annonce silencieuse qu’elle faisait désormais partie de son univers numérique, même symboliquement.
Elle contempla à nouveau sa photo, et ce sourire… quelque chose dans cette familiarité mystérieuse, comme si elle l’avait déjà vu… non pas sur le visage d’un homme, mais dans un rêve ancien, celui d’un homme qui savait écouter.
Elle voulut écrire le premier message, mais hésita.
Elle écrivit, effaça, réécrivit :
« Bonsoir… je ne sais pas pourquoi j’ai envoyé la demande, mais quelque chose dans vos mots m’a donné l’impression de vous connaître. »
Puis elle s’arrêta…
Elle supprima.
Elle écrivit à la place :
« Merci d’avoir accepté la demande, vos mots sont profonds. »
Puis elle envoya.
Elle ferma le téléphone.
Pas de réponse immédiate.
Mais son cœur s’était allégé…
Comme si elle avait vidé la moitié de sa douleur en deux mots, et compris que le monde était plus vaste que son silence, et que la communication, parfois, commence par un mot… mais ne s’arrête jamais là.
La première réponse
Trois heures s’étaient écoulées…
Trois heures d’attente mêlées à un léger doute, et à un battement de cœur qui s’accélérait à chaque vibration du téléphone, mais ce n’était jamais lui.
Puis…
La notification sonna enfin.
Un message de son nom.
Un message court.
Elle l’ouvrit d’une main légèrement tremblante.
« Bonjour, mon amie,
Merci pour ton message, je suis heureux que mes mots aient trouvé un écho en toi.
J’écris souvent parce que je n’ai personne à qui dire ce que je pense… et peut-être es-tu la première à le remarquer.
Écris-tu toi aussi ? »
Elle lut le message deux fois, puis trois…
Entre les lignes, quelque chose ressemblait à une confession, et après le point d’interrogation, quelque chose ressemblait à une invitation à se livrer.
Elle respira profondément.
Elle comprit que si elle répondait, elle ouvrirait une porte…
Mais elle était déjà fatiguée des portes closes.
Elle se leva.
Se rendit devant le miroir.
Se regarda.
Et dans ses yeux se lisait la question :
« Dois-je commencer ? Ou me contenter de rester là ? »
Mais dans son cœur, la réponse avait été écrite dès qu’elle avait appuyé sur le bouton « envoyer la demande d’amitié ».
Oui, elle avait commencé.

La première réponse de Soubina
Cette fois, elle n’hésita pas longtemps.
Comme si le message reçu, par sa délicatesse, avait retiré le manteau de peur qui l’accompagnait toujours.
Elle s’assit et commença à écrire :
« Bonjour, je crois que je comprends parfaitement ce que tu veux dire quand tu dis que tu écris parce que tu n’as personne à qui dire ce que tu penses.
Parfois, nos voix sont plus fortes sur le papier que dans la réalité.
Oui… j’écrivais, et j’écris encore.
Dans mes anciens carnets, j’ai retrouvé des phrases qui ressemblent à ce que tu écris, comme si j’étais arrivée avant toi, ou toi avant moi… je ne sais pas.
Penses-tu qu’il existe des gens qui écrivent les mêmes idées parce qu’ils se ressemblent, sans jamais se rencontrer ? »
Elle lut le message une dernière fois, ressentant une chaleur qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps.
Ce n’était pas la chaleur d’un homme… mais la chaleur d’une rencontre intellectuelle, la chaleur de sentir que quelqu’un peut voir au-delà de ton silence.
Puis elle l’envoya.
Sans hésiter.
Sans effacer.
Elle s’assit et attendit.
Mais cette fois… l’attente n’était pas lourde.
C’était comme savoir que le message renaîtrait… dans un cœur qui lui ressemblait.
Âmes jumelles
Cette fois, le retard ne dura pas.
Comme s’il attendait son message lui aussi, ou comme si quelque chose en lui s’était éveillé lorsque l’écran s’illumina de son nom.
Il lut le message lentement, puis le relut, comme pour palper chaque ligne…
Et dans son cœur, une vibration se fit sentir.
Après un moment de silence intérieur, il écrivit :
« Ce que tu dis est étrange…
Mais plus beau que ne pourrait le laisser croire le hasard.
Écrire dans ton journal des phrases qui ressemblent à ce que je publie aujourd’hui… me fait penser que parfois les mots nous choisissent, qu’ils attendent leur moment pour nous rassembler.
Oui, je crois que les âmes semblables pensent avec la même langue, avant même de se connaître.
J’aimerais te lire, si tu le permets…
Non par curiosité, mais par désir de vérifier cette similitude que je ne pensais pas possible. »
Il hésita un instant avant d’envoyer le message…
Mais quelque chose en lui lui murmura :
« Si tu n’écris pas maintenant… tu ne sauras jamais qui est cette femme qui t’écrit avant même de te connaître. »
Alors, il envoya le message.
Il posa le téléphone sur le côté et ferma les yeux, comme s’il ne voulait pas voir la réponse, mais seulement l’imaginer.

À toi, la première femme en moi
Elle ouvrit son vieux carnet, feuilletant les pages lentement…
Là, dans une écriture encore juvénile, tremblante comme écrite dans l’ombre des émotions, elle retrouva le message.
Elle le lut en silence…
Puis le copia, sans rien modifier, et l’envoya, en écrivant :
« Voici le premier message que j’ai écrit à cette femme qui s’est réveillée en moi un soir…
J’avais seize ans, et je ne savais pas pourquoi je pleurais ni d’où venait tout ce besoin. »
Puis elle ajouta :
« À toi, la femme en moi…
Pourquoi as-tu attendu tout ce temps ?
Où étais-tu quand je riais et disais à tous que je n’avais besoin de rien ?
Pourquoi ne m’as-tu pas chuchoté que ce que je ressentais n’était pas folie, mais faim ?
Faim que l’on me voie comme une femme… pas comme une fille, pas comme une sœur, pas comme un devoir à accomplir.
Sais-tu combien de fois j’ai eu peur de me regarder dans le miroir ?
Pas parce que je suis laide… mais parce que j’avais peur de te voir,
de voir ce regard qui demande la vie, l’amour, la sécurité… et ne trouve que le silence. »
« Je t’écris maintenant pour dire :
Je te promets, si tu reviens, que je t’écouterai cette fois…
Et que je ne te tairai pas, même si tu cries. »
Elle termina son message par cette phrase :
« C’était moi… la première fois que j’ai senti que j’étais plus qu’une simple fille censée plaire aux autres.
Dis-moi… cette femme que je t’ai décrite ressemble-t-elle à celle qui me lit maintenant ? »
Quand tu as parlé… je suis né
Il lut ce qu’elle avait écrit, sans bouger pendant une minute entière.
Comme si ses mots s’étaient infiltrés de ses yeux à sa poitrine, réorganisant ses entrailles.
Il retourna au téléphone, écrivit d’une main hésitante… puis effaça.
Puis écrivit de nouveau, cette fois avec son cœur, non sa raison :
« Je ne sais pas quoi dire…
Mais je sais ce que je ressens.
J’ai l’impression d’avoir été devant une porte fermée toute ma vie,
une porte où il était écrit : (ici réside la femme)
et je n’osais jamais frapper…
Et maintenant, tu ne l’ouvres pas seulement pour moi… tu m’y fais entrer,
dans une pièce de lumière, de désir et de vérité,
une pièce qui ressemble à ta première prière,
celle que tu écrivais à toi-même. »
Il s’arrêta un instant, puis ajouta :
« Quand tu lui as écrit que tu ne la tairais plus…
J’ai senti que moi aussi, je suis né.
Pas comme un homme qui te désire pour ton corps,
mais comme un homme qui veut penser à toi,
et te ressentir… avant même de te toucher. »
Et il conclut :
« Je t’en prie…
Ne cesse pas de m’écrire.
Car chaque message de toi
me reconstruit… comme un homme qui mérite qu’une femme comme toi le comprenne. »

Devant le miroir… tu m’as réécrit
Elle se tint devant le miroir, tremblante, mais pas de peur…
Son corps savait qu’un changement s’était produit.
Ses lèvres se contractaient et se relâchaient comme pour s’exercer à sourire, non pour les autres, mais pour elle-même.
Elle ne voulait pas répondre tout de suite, mais elle sentit que les mots l’appelaient.
Elle s’assit, tenant son téléphone comme on tient un cœur vivant, battant au rythme d’un homme qui comprend.
Et elle écrivit :
« Mon miroir m’était devenu étrange…
Chaque fois que je le regardais, je voyais ce que les autres aiment,
mes cheveux comme ils les veulent,
mes yeux comme ils les désirent craintifs,
et ma robe comme on me dit : « belle ». »
« Mais ce matin…
Je n’ai rien vu de tout cela.
Je me suis vue.
J’ai vu une femme sortie du silence,
pleurer, puis rire,
puis me chuchoter :
(Enfin quelqu’un m’a entendue… ne t’arrête pas). »
Elle s’arrêta un instant… essuya une larme discrète sur sa joue, et poursuivit :
« Tu dis que je te reconstruis…
Mais vous, Monsieur, vous me réécrivez.
Tu n’as pas touché ma main, tu ne m’as pas vue,
mais tu t’es approché de moi plus que n’importe quel corps ne l’a fait,
car tu ne voulais pas seulement l’écho de ma féminité,
mais le miroir de ton ouverture d’homme. »
Et elle conclut :
« Je t’écrirai,
non pour te séduire… mais pour te libérer.
Et je te confierai,
non pour que tu me possèdes… mais pour que tu voies ce que personne avant toi n’a vu. »
Quand le cœur embrasse sa renaissance
Il resta assis en silence, contemplant ses mots qui résonnaient comme de douces mélodies, faisant vibrer les cordes de son cœur.
Ce n’étaient pas des messages ordinaires, mais le frisson d’une âme, l’éclosion d’un nouvel espoir.
Il écrivit lentement, comme si chaque lettre venait du plus profond de son cœur :
« Mon amie, tu n’es pas une femme pour qui l’on écrit des histoires…
Tu es une histoire à vivre, à ressentir, à contempler avec les yeux de l’âme.
Tes mots ne sont pas de simples lettres, mais des gouttes de pluie qui réveillent une terre assoiffée,
qui redonnent vie, lumière et liberté à la femme que tu croyais perdue.
Je ne veux pas seulement te lire…
Je veux t’accompagner dans ce voyage,
où chaque jour nouveau naît en toi, et en moi.
Ce qui nous unit n’est pas une rencontre éphémère,
mais la rencontre de deux âmes qui veulent vivre ensemble,
non dans les murs des contraintes,
mais dans l’espace de la miséricorde, de la vérité et du respect.
J’ai besoin de toi…
Non comme femme dans un corps,
Mais comme esprit libre, digne d’être aimé dans toutes ses couleurs et ses rêves. »
Il fit une pause, puis ajouta :
« Tu réveilles en moi une virilité que je n’avais jamais connue auparavant,
une virilité qui n’a pas peur de la tendresse,
qui ne cache pas sa faiblesse,
mais l’embrasse et la chérit. »
Et il conclut son message :
« Mon amie, écrivons ensemble ce chapitre,
dans une langue que seul le cœur comprend. »
Le silence de la méditation… Naissance d’une nouvelle virilité
Il était assis seul dans sa chambre, remplie des ombres de la nuit, le téléphone à la main, mais il ne l’avait pas ouvert.
Sa voix intérieure lui murmurait cette fois d’un ton différent, plus chaleureux et moins rugueux.
Il ferma les yeux et se remémora les mots de Sobina, chaque mot étant comme un phare dans son obscurité.
Il ne cherchait pas une femme pour combler un vide, mais une âme capable de partager avec lui humanité et virilité… ensemble.
Des questions s’insinuèrent dans son cœur, des questions qu’il n’avait jamais osé affronter auparavant :
L’avait-il vraiment comprise ?
Était-il un homme ?
L’admiration peut-elle être une naissance ?
Il soupira profondément, ressentant un mélange de peur et de curiosité, mais se rappela sa promesse : être différent.
Un rêve qu’il enterrait depuis longtemps commençait à apparaître devant ses yeux comme une réalité.
Il reprit son téléphone, mais n’écrivit rien.
À la place, il resta avec lui-même… dans un dialogue silencieux, écoutant et ressentant, attendant ce moment où les masques tomberaient pour révéler la vérité.
C’était le début d’un voyage… un voyage pas seulement avec Sobina, mais avec lui-même.
Entre deux vérités
Il était presque deux heures du matin.
Une fenêtre de discussion Facebook clignotait d’une lumière faible.
Un message de lui :
« Mon amie… es-tu encore éveillée ? »
Elle répondit après quelques secondes :
« Je ne dors plus depuis que j’ai commencé à me lire dans ton miroir. »
Le temps ralentit… comme si l’âme cherchait ses pas.
Il écrivit :
« J’ai l’impression que tu me rends ma voix… cette voix perdue dans le tumulte de la vie et de l’homme que je croyais être. »
Elle répondit :
« Et moi, j’ai l’impression de retrouver ma féminité… pas comme une femme que l’on admire, mais comme une femme dont on écoute le battement, dont on demande la permission pour étreindre sa voix, et que l’on lit comme on lit une prière. »
Il contempla longuement ses mots, puis écrivit :
« Sais-tu ? Quand je te lis… j’ai peur.
Pas de toi, mais de tout cet amour que j’ai manqué et que je découvre seulement maintenant, et de cet homme endormi en moi qui s’éveille à la chaleur de tes mots. »
Elle resta silencieuse un instant, puis lui envoya :
« Veux-tu lire le premier message que j’ai écrit à cette fille en moi, lorsqu’elle s’est éveillée pour la première fois à seize ans ? »
Il répondit :
« Oui, j’en brûle d’envie, comme un affamé désire le pain de sa mère… »
Et elle commença à rédiger l’ancienne lettre, comme si elle sortait d’un tiroir de l’âme une feuille jaunie, mais toujours vivante de son premier battement.
Lettre à mon moi féminin – 1990
Ô mon moi féminin qui sommeille en moi,
Pourquoi t’es-tu réveillée si soudainement ?
Pourquoi pleures-tu en silence lorsque le tumulte de la classe s’élève ?
Pourquoi frémis-tu dans ma poitrine chaque fois que je vois une femme marcher avec cette liberté que nous n’avons pas ?
Pourquoi… ?
Je t’écris, alors que j’ignore comment te parler.
Tu n’es ni mon amie, ni ma mère, ni même ma sœur qui partage ma chambre.
Tu es autre chose…
Un secret dans mon cœur que personne ne connaît, et que je n’ose nommer.
Sais-tu ?
Parfois, j’ai l’impression que j’ai été créée pour être plus que « la fille d’une famille respectable »,
Plus que « la fiancée qui attend son destin »,
Plus que « la mère d’enfants vertueux »,
Plus que « l’ombre d’un homme »…
J’ai l’impression que j’ai été créée pour être une femme.
Oui, une femme qui ressemble à une idée, et non à un corps.
Une femme que l’on contemple comme on lit des poèmes, et non comme on mesure des vêtements.
Une femme dont le silence est compris, et dont le désir n’est pas interprété.
Restera-tu silencieuse en moi ?
Ou un jour sortiras-tu pour dire :
« Je suis ici… et je mérite d’être vécue comme une femme entière. »
À partir d’aujourd’hui, je t’écrirai chaque soir,
Pour que tu ne dormes plus jamais en moi.
Pour que la vie ne t’emporte pas et ne t’oublie pas.
Pour que tu ne deviennes pas une simple mémoire dans un carnet d’enfance.
Je t’aime…
Et je ne permettrai à personne de te tuer en moi.
– Subina
(Seize ans, découvrant sa féminité sans en parler à personne)
L’homme qui entra dans le texte
Il lut… puis se tut.
Il relut une deuxième fois.
Puis une troisième… mais pas avec ses yeux, plutôt avec ses doigts tremblants, comme s’il touchait un mur de nostalgie lointaine.
Il lui écrivit :
« Ô Subina… ce que j’ai lu n’était pas une simple feuille.
C’était ton cœur avant qu’il ne se ferme.
C’était une petite porte que tu frappais seule chaque soir, sans que personne ne l’ouvre pour toi…
Et moi, je suis arrivé en retard, je le sais… mais je suis là maintenant. »
Il ajouta :
« Je ne sais comment répondre à une fille de seize ans qui a écrit tant de conscience…
Sinon en m’excusant, auprès d’elle et de toutes les femmes placées dans un moule qu’elles n’ont pas choisi, puis à qui l’on a dit : voilà ton destin. »
Puis il écrivit :
« Je croyais être un homme depuis longtemps, mais je comprends à présent… que la virilité ne commence pas lorsqu’on te dit « fort », mais lorsque tu sais lire une femme, pleurer silencieusement avec elle, et lui promettre que tu ne la laisseras plus jamais seule. »
Et il lui demanda :
« Me permets-tu…
d’écrire dans le même carnet,
et de laisser un message à l’homme que j’étais…
pour lui dire : ton rôle est terminé, laisse-moi recommencer ? »
Puis il conclut :
« Je ne te promets pas seulement de comprendre… mais d’écouter.
Car toi, Subina, tu ne mérites pas une compréhension banale…
mais une compréhension qui te soulève, comme tu te lèves maintenant, du milieu des ruines. »
Comme si nous étions assis sur le carnet,
la voix de son message résonnait encore dans son cœur, et elle lui répondit :
Subina :
« Tu sais ?
C’est la première fois… que je ne sens pas que j’écris pour que mes mots soient lus seulement…
Mais pour être compris… calmement… sans précipitation, sans jugement.
J’écrivais dans mon carnet comme si je murmurais à mon miroir, pas à quelqu’un d’autre.
Et aujourd’hui… j’ai l’impression que le miroir a parlé, et que sa voix était la tienne. »
Un court silence… puis il répondit :
Lui :
« Subina…
Je ne t’entends pas seulement… je t’écoute.
Pas avec mes oreilles, mais avec tout mon être.
Comme si chacune de tes lettres était une artère en moi. »
Subina (répondant avec légèreté et sérieux) :
« Mais ne sois pas complaisant.
Je n’ai pas besoin d’un homme qui me complimente parce que je suis blessée…
Mais parce que je suis vivante. Parce que je renais.
Et je ne veux pas d’une main qui me tient parce que je trébuche… mais parce que je cours maintenant, et que je veux courir avec elle, pas derrière elle. »
Il sourit, comme s’il avait reçu un conseil d’un sage :
Lui :
« Alors laisse-moi courir à tes côtés.
Ni devant toi, ni derrière toi.
Et je te jure… je n’écrirai pas sur toi, mais avec toi.
Car tu n’as pas besoin de description, mais de partage.
Et chaque lettre de toi me rend plus humain… plus simple… et plus profond. »
Subina (d’une voix intérieure, comme si elle murmurait à son ancien carnet) :
« Te voilà enfin à l’écoute, vieille moi…
Quelqu’un me comprend enfin, non pour m’enfermer… mais pour me libérer. »
Lui (lui demandant) :
« Veux-tu que nous ouvrions un nouveau carnet ?
Un carnet sans passé, sans jugements… seulement ce que nous écrivons maintenant, ensemble ? »
Subina (les yeux baignés de larmes, que personne n’a jamais vues) :
« Oui… mais cette fois, laisse-moi écrire la première page. »

Du nouveau carnet de Subina
Soirée d’automne
À celui dont je ne sais pas encore comment l’appeler…
Cette page n’est pas une lettre d’amour,
ni une confession…
mais la main d’une femme qui s’ouvre à la lumière, après que l’obscurité l’ait épuisée.
Je ne cherche plus quelqu’un pour me sauver…
mais quelqu’un qui voit que je me suis sauvée moi-même, et qui me félicite pour cela.
J’ai beaucoup écrit pour moi… j’ai pleuré sur le papier, et dormi sur l’encre…
Mais aujourd’hui, j’écris avec une étrange clarté dans le cœur.
Je n’ai ni peur, ni larmes…
Je suis éveillée.
Sais-tu ce qui est le plus beau dans cet éveil ?
Que je ne veux personne pour « me prendre », mais quelqu’un pour « marcher avec moi ».
Pour voir dans mon corps une maison, pas un lit,
et dans mon esprit une aile, pas un nuage passager.
Moi, tu vois… je suis une femme que l’on ne veut pas pour sa beauté… mais pour son battement, pour ses questions, pour sa voix lorsqu’elle murmure à la vie de revenir.
Je ne dis pas « je t’aime »…
Mais je dis : si tu as ressenti tout cela en moi, reste.
Et si tu ne l’as pas ressenti… ne brise pas la lumière qui brille enfin dans mes yeux.
Voici ma première page…
Écrite non pas pour te plaire, mais pour me ressembler.
Si elle te plaît, peut-être me ressembles-tu…
Subina

Du cœur qui s’éveille
Subina…
Je ne sais pas par où commencer.
Je ne comprends pas comment des mots écrits peuvent ressembler à une femme qui naît.
Mais en lisant ta première page, j’ai eu l’impression de regarder une page de mon propre esprit… pas de ton carnet.
Ce que tu as écrit n’était pas des lettres, mais des battements.
Et tout le monde ne peut entendre les battements…
Moi, j’ai senti ton cœur résonner à l’intérieur du mien.
« Je ne veux personne pour me prendre, mais quelqu’un pour marcher avec moi »…
Cette phrase me secoue encore.
Et je te dis :
Je ne te promets pas de marcher devant toi, ni derrière…
Mais à tes côtés.
Et si tu trébuches, je ne tendrai pas seulement ma main, mais mon cœur pour te porter.
Tu dis que tu ne veux pas quelqu’un qui t’admire, mais quelqu’un qui te ressemble…
Je te dis : je ne cherche pas la ressemblance entre nous, mais la sincérité qui passe entre toi et moi sans artifices.
Et cette dernière nuance dans tes mots…
Quand tu as écrit : « Si cela te plaît, peut-être me ressembles-tu »
J’ai murmuré dans mon cœur, sans m’en rendre compte :
« Mais je te vois… et je commence enfin à me ressembler moi-même. »
Écris, Subina, non pour que le monde te voie… mais pour que tu te voies toi-même, comme tu l’as commencé dans cette page.
Et je serai, si tu le souhaites, ton miroir qui ne te maquille pas, mais te dit la vérité.
Je suis là,
et je ne suis pas pressé par le rythme du sentiment.
Et toute femme qui fleurit d’un rêve différé
La soirée était douce, comme si la nuit était venue poser sa main sur son cœur, non pour taire sa douleur, mais pour en essuyer la peur.
Sur l’écran bleu, apparut son nouveau message, simple en apparence, profond en sens :
– Subina… dans quelle classe t’étais-tu arrêtée avant le mariage ?
Elle répondit après un moment d’hésitation :
– J’étais en troisième secondaire, section littéraire.
Mais je n’ai pas passé l’examen…
Le mariage, comme tu sais, est arrivé de manière précoce et écrasante.
Il prit un instant, puis écrivit :
– Alors, tu t’es arrêtée à la porte d’un rêve inachevé.
Et sais-tu, Subina ?
Les femmes les plus vivantes sont souvent celles qui n’ont pas terminé leur chemin… mais qui désirent encore marcher en lui.
Elle se tut. Elle eut l’impression qu’il posait devant elle un miroir qu’elle n’avait jamais vu, non pas pour contempler son visage, mais pour entrevoir l’ombre du rêve se tenant derrière elle.
Il ajouta :
– Que dirais-tu de retourner aux études ?
Passer le baccalauréat littéraire…
Non pas pour décrocher un diplôme, mais pour faire renaître un vieux rêve.
Tu as encore la trentaine, et l’âge, ma chère amie, ne se mesure pas aux années… mais au nombre de fois où l’on se relève pour recommencer.
Elle sourit, des larmes montèrent à ses yeux sans qu’elle s’en rende compte, puis elle écrivit :
– Je réfléchis… et si je le pouvais ?
Et si je retournais réellement étudier ?
Quelle femme naîtrait alors de moi ?
Et serais-tu la raison de deux naissances… moi, femme, puis étudiante ?
Il répondit rapidement :
– Non, tu es la naissance elle-même.
Et celle qui se donne naissance… peut faire naître un futur qui ne ressemble pas au passé.
Deux cahiers sur une même table
Dans un coin de la pièce, Solina était assise, feuilletant ses nouveaux cahiers, écrivant de sa main inclinée le titre de la première leçon de physique. Elle était un peu ailleurs, mais essayait de se concentrer.
Subina entra à pas calmes, portant deux tasses de tisane chaude et un sourire timide qui ne ressemblait pas aux sourires habituels des mères.
Elle posa la tasse près de Solina, puis s’assit tranquillement en face d’elle.
Solina dit sans lever la tête :
– Merci maman… Il fait un peu froid.
Subina sourit, puis murmura :
– Solina…
– Oui, maman ?
– J’ai pensé que je pourrais étudier avec toi cette année.
Solina leva les yeux rapidement, ses yeux reflétant une surprise soudaine, comme un éclair dans une pièce sombre.
– Tu vas étudier quoi ?!
Subina rit doucement, un peu gênée :
– Le baccalauréat… section littéraire.
– Toi ?! Maman ! Vraiment ?!
La mère secoua la tête doucement, comme si elle se lisait à elle-même un avis officiel pour commencer une nouvelle vie :
– Oui, moi…
– Depuis longtemps j’y pense, mais je n’avais pas assez de courage…
– Cette fois… quelqu’un m’a encouragée… pas besoin que tu saches qui, l’important est qu’il m’a encouragée, et je veux essayer.
Solina resta silencieuse un instant, puis un sourire malicieux et léger apparut sur ses lèvres :
– Parfait, maman ! Quand tu étudies, promets-moi que tu ne triches pas !
Elles rirent ensemble, un petit rire mêlant enfance et complicité, comme si elles étaient devenues deux amies dans la même classe.
Après que le rire se fut calmé, Subina dit :
– Que dirais-tu que nous étudiions ensemble ?
– Chacune dans son cahier, et chaque jour nous réviserons ensemble.
Solina hocha la tête avec un enthousiasme soudain :
– D’accord ! Et nous ferons un emploi du temps commun et résoudrons les exercices ensemble !
– Mais toi, tu dois avoir de très bonnes notes, je ne veux pas te mettre dans l’embarras !
Subina posa sa main sur la table, effleura le cahier de sa fille, et murmura :
– Solina… sais-tu ?
– Ce qu’il me manquait, c’est une amie comme toi… pas seulement une fille.
Solina regarda sa mère, puis se rapprocha pour l’embrasser chaleureusement, comme pour l’encourager de tout son cœur, et lui murmura sans mots :
“Commence… et je serai avec toi.”
Quand j’ai réécrit mon nom
Message d’elle :
“Tu sais ce que j’ai fait aujourd’hui ?
Je suis retournée écrire mon nom… sur la feuille d’inscription au centre de préparation au baccalauréat.
J’avais presque oublié la forme de mon écriture officielle. Oublié comment on pose son objectif sur une ligne et avance.
Mais quand j’ai signé… j’ai senti que je signais une naissance nouvelle, pas seulement l’inscription à des cours.”
Réponse de lui, ressentant la larme chaude s’approcher du fond de son âme :
“Subina…
Je ne sais comment décrire ce sentiment,
mais aujourd’hui tu as aussi sauvé quelque chose en moi.
Écrire ton nom de ta main…
après toutes ces années où l’on a écrit sur toi, et non pour toi…
choisir, par toi-même, un nouveau chemin…
ni imposé, ni déformé, ni volé à ta féminité…
ce n’est pas seulement une inscription à un cours, mais un aveu que tu existes.”
Message d’elle, ses yeux emplis d’une pudeur nouvelle, non de faiblesse… mais d’un aveu longtemps différé :
“Tout cela… tout ce que je suis maintenant, est à cause d’une seule phrase que tu m’as dite la première fois :
(Je ne te promets pas seulement la compréhension, mais l’écoute.)
J’aurais pu continuer ma vie en silence.
Mais… peut-être… ma voix, que je croyais disparue, attendait quelqu’un… pour l’entendre.”
Réponse de lui, avec une voix écrite touchant son cœur :
“Et puisque ta voix est sortie…
je te fais maintenant une nouvelle promesse :
je ne marcherai pas devant toi, ni derrière toi, mais à tes côtés.
Chaque fois que tu ouvriras une page, je serai la marge…
Chaque fois que tu poseras une virgule, j’attendrai ton silence…
Pour te dire : écris, car maintenant tu es toi.”

Le moment de naissance
Subina était assise calmement, un nouveau cahier entre ses mains, simple mais solide, portant sur sa couverture un titre décoratif :
“Ceci suis-je”
Le stylo tremblait légèrement dans sa main, comme s’il craignait d’écrire les premiers mots.
Elle inspira profondément et ferma les yeux un instant, se remémorant les paroles de cet homme, ses promesses d’écoute et d’accompagnement.
Elle ouvrit une nouvelle page et commença à tracer :
“Je ne suis pas seulement une femme qui revendique ses droits, je suis sa voix… sa confiance… son rêve… et le premier pas sur son chemin.”
Puis elle sourit, et écrivit avec une écriture plus assurée :
“Aujourd’hui, je suis née à nouveau… ceci suis-je.”

Des noms qui racontent une histoire
Subina était assise dans le salon, entourée de ses quatre filles, leurs pieds repliés sous elles sur le tapis doux, leurs yeux remplis de curiosité et de précaution.
Elle dit avec un sourire chaleureux :
“Savez-vous, chacune de vous porte une partie de mon nom…”
Elle regarda Solina, l’aînée, et dit :
“Solina, tu es l’espoir pur, le début de l’histoire… comme la lettre ‘S’ dans mon nom.”
Puis elle hocha la tête vers Bina, douce et tranquille :
“Bina, cœur et âme de la famille, comme la lettre ‘B’ qui bat en moi.”
Elle regarda Nada, sensible et rêveuse :
“Nada, la voix des émotions et de la délicatesse, comme la lettre ‘N’ qui enlace mon esprit.”
Enfin, vers Naya, la petite et pleine de vie :
“Et Naya, fleur de la vie, comme la lettre ‘Y’ qui illumine mon chemin.”
Un soupir, puis un murmure
Elle soupira, puis parla d’une voix basse :
“Et maintenant… après toutes ces années, il est temps que j’écrive mon histoire… mon histoire à moi, celle qui n’a jamais été complète comme je le voulais.”
Les filles se regardèrent, chacune portant dans ses yeux une question différente, un espoir caché, et peut-être une peur de l’inconnu.
Solina dit d’une voix encourageante :
“Maman, nous sommes avec toi… peu importe le chemin.”
Bina ajouta :
“L’écriture ouvre les portes du cœur, et nous voulons te connaître davantage.”
Nada murmura :
“Et je crois que tu mérites de rêver encore plus.”
Et Naya, avec un sourire innocent, dit :
“Et moi, je serai la première à lire le cahier de ton histoire !”
Subina sourit avec gratitude, sentant que ce moment n’était pas seulement un nouveau départ pour elle, mais pour toutes.

Un refus catégorique
Subina était assise dans le salon, ses yeux brillants d’un rêve nouveau, une lueur douce émanant de l’intérieur d’elle, lorsque son mari entra calmement, le visage sérieux, sans aucune trace de sourire.
Il s’assit en face d’elle, sa voix dure :
“Subina, tout est là… l’argent, la maison, les enfants. Que veux-tu de plus ?”
Subina leva les yeux vers lui, essayant d’expliquer, mais sa voix la coupa net :
“Je ne veux pas que tu penses à étudier, ouvrir des cahiers ou écrire sur des choses qui ne nous servent à rien.”
Elle murmura lentement :
“Mais j’ai besoin de vivre… d’être plus qu’une simple femme à la maison.”
Le mari sentit l’irritation monter et éleva légèrement la voix :
“Ceci est ta maison, tes enfants, ton mari… tu n’as pas de temps pour des illusions qui ne changeront rien.”
Des larmes se rassemblèrent dans les yeux de Subina, mais elle refusa de reculer, et dit avec détermination :
“Les illusions sont ce qui me redonne mon âme… sans elles, rien ne reste de moi.”
Il hocha la tête et dit :
“Alors il n’y a pas de place pour de telles idées ici.”
Il se leva et marcha vers la porte, laissant Subina seule avec ses cahiers, au milieu d’un silence lourd, vibrant de peur et de défi.
Une voix qui pulse la vie
Subina était assise seule dans un coin de la pièce, le nouveau cahier ouvert devant elle, mais son cœur rugissait en silence, la poussant à se lever à nouveau.
Elle inspira profondément et se dit :
“Je ne suis pas simplement une possession ou un fardeau… je suis une humaine qui mérite de vivre et de respirer.”
Elle se leva lentement, contempla le miroir reflétant son visage fatigué, et une étincelle métallique brilla dans ses yeux.
Elle murmura d’une voix ferme :
“Je vais poursuivre mes études, je vais finir le baccalauréat littéraire, et ouvrir de nouvelles portes, non seulement pour moi mais pour mes enfants, pour qu’ils soient fiers.”
Elle prit son stylo et commença à écrire dans son cahier :
“Je ne permettrai à personne de me voler mes rêves, voici qui je suis… et voici ma voix qui ne s’éteindra pas.”
Elle referma le cahier avec force, et sut à cet instant que le voyage avait véritablement commencé, et qu’elle ne reculerait pas, quelles que soient les tempêtes.

Entre rêve et réalité
Le soir tombait doucement sur la fenêtre de discussion. Subina envoya ses mots après que la maison se fut calmée et les lumières éteintes, laissant la lueur de sa passion brûler dans ses yeux.
Subina :
“Je lui ai dit que j’avais décidé de reprendre mes études… il s’est mis en colère. Il l’a dit clairement : ‘J’ai tout, je n’ai pas besoin d’une épouse qui répartit son temps entre cahiers et examens !’
C’est comme si j’avais alourdi son monde simplement en rêvant.”
Sa réponse apparut bientôt… un point vert gravé sur le cœur avant l’écran.
Lui :
“Il était prévisible qu’il refuse, car il ne voit en toi qu’un seul rôle.
Mais tu es plus qu’un rôle, tu es une vie entière, Subina.
Écoute-moi… nous ne briserons pas le mur, nous entrerons par ses ouvertures.”
Subina :
“Et comment ? Il ne me laisse pas sortir seule… ni rencontrer qui que ce soit…”
Lui :
“Si tu es sérieuse dans ton désir d’étudier, la porte est encore ouverte.
Et si elle est étroite, cherchons un institut privé, ou une école libre avec des programmes allégés, même des cours à domicile si nécessaire.
L’important est de commencer, même par un petit pas : être étudiante libre, réussir d’abord, puis ouvrir le chemin par ton mérite.
Quant à ton mari… tu connais ses réseaux et ses intérêts.
Explore ses cercles proches, ceux à qui il ne peut refuser une demande, même sans réaliser l’impact de ton action.
Là, dans l’ombre, se prennent les décisions cruciales.”
Elle se tut un instant. Des larmes se formèrent, non pas de faiblesse, mais d’une joie soudaine.
Subina :
“Je n’aurais jamais cru que quelqu’un pouvait planifier pour moi de cette manière.
Je n’osais que rêver…”
Lui :
“Mon rêve maintenant est que tu rêves.
Nous n’allons pas déclarer la guerre à ta maison, mais y réveiller une femme que personne ne voit… sauf moi.”

Dans sa chambre après minuit
Le silence enveloppait la maison de son manteau gris. Tous avaient terminé leur journée, et le bruit s’était retiré dans les recoins de l’oubli, mais une faible lueur brûlait encore dans une chambre solitaire.
Subina s’assit à sa petite table, posant devant elle un nouveau cahier et le manuel de littérature arabe pour la classe de terminale… Elle l’ouvrit avec précaution, comme si elle ouvrait une porte vers un temps revenu de l’absence.
Ses doigts effleurèrent les mots, comme pour sonder une vieille blessure désormais cicatrisée… puis elle écrivit d’une écriture hésitante :
“Première page : ce n’est pas la leçon que je lis, mais ce que je retrouve de moi-même.”
Le retour n’était pas facile. Titres, chapitres, noms… des temps passés, mais pas totalement effacés de sa mémoire.
Elle lut un passage de « Dans l’entrée de la Qasr Al-Hamra nous nous sommes rencontrés », s’arrêta sur un vers, les yeux embués :
“Et le plus doux des poèmes est celui que le stylo a tracé”
– “Est-ce que je mérite d’écrire à nouveau ?”, murmura-t-elle à elle-même.
Elle poursuivit sa lecture à voix basse… mémorisant, répétant, écrivant dans la marge :
“La question de l’examen portera sur l’image de la femme dans le texte… et moi ? Quelle est mon image dans ma vie ?”
Son téléphone vibra, un message de son ami, comme s’il avait senti sa confusion sans qu’elle n’ait rien envoyé.
Lui :
“Comment se passe ce premier voyage ?”
Subina :
“J’ai l’impression de réorganiser mon enfance mise en suspens… et j’essaie de me convaincre que rêver n’est pas un crime.”
Lui :
“Rêver est la plus belle repentance pour une vie qui ne t’a pas été écrite… Étudie, et je serai la feuille qui précède chaque leçon.”
Elle sourit, posa le téléphone sur le côté et traça d’une écriture élégante sous le titre de la leçon :
“Nouveau départ.”
Puis murmura :
“Je suis Subina… pas la fille d’hier, mais l’élève de demain.”
Message vocal puis texte
La voix de Subina, douce, avec une nuance légère d’émerveillement et de nostalgie :
« Abir… Je ne sais pas si tu vas rire de moi, mais en tenant mon cahier de littérature et en notant mes observations, j’ai soudain senti que je n’étais pas assise à ma table dans ma chambre… J’ai simplement eu l’impression d’être une élève de lycée, prête pour un examen, avec un nouveau stylo à encre qui trace ses lignes comme s’il m’écrivait depuis le début pour ajouter du neuf.
Tu me disais toujours : Subina, tu es plus grande que toutes les circonstances, et je riais et me taisais… mais aujourd’hui, en étudiant, j’ai vraiment senti que je ne me mentais pas à moi-même, autant que j’attendais ce moment.
Maintenant j’y suis arrivée, Abir… peut-être un peu tard, mais j’y suis.
Imagine… je suis tombée sur la définition de la métaphore implicite et j’ai écrit à côté : « Je suis une métaphore implicite… ils ont effacé la femme et laissé les qualités. »
Je t’aime… et je sais que tu es la première à comprendre ce que je dis. Pardonne-moi pour le temps perdu, mais je suis revenue… revenue en tant qu’élève, pas seulement en tant que mère. »
Puis elle écrivit rapidement un court message :
« Abir… Je veux vraiment étudier ! Vraiment ! Et je suis heureuse… J’étudie pour le bac, pas pour quelqu’un, pour Subina. Si tu voyais ma joie en essayant de comprendre un texte et de l’analyser ! Je sais que le chemin est long, mais mon cœur m’a devancé et je ne peux continuer parce que mon mari n’a pas accepté que je reprenne mes études. »

Soir de jeudi
C’était un jeudi soir, un automne tardif caressant doucement la maison de son souffle léger. Abir frappa à la porte de Subina, portant deux boîtes de pâtisseries à la crème et de douceurs de Naplouse, décorées d’un ruban rose. Subina l’accueillit avec un visage mêlant la pudeur d’adolescente et la maturité d’une mère, et des yeux abreuvés de veilles studieuses passées avec les livres de rhétorique et les règles de grammaire.
Abir entra dans la pièce, un sourire sincère illuminant son visage :
— Je n’aurais jamais cru que tu étudies, si je ne voyais pas cela de mes propres yeux ! Regarde cette lumière !
Subina rit doucement, légèrement gênée :
— Crois-moi, Abir… ces livres me sont plus chers que beaucoup de gens. Quand j’ai ouvert mon cahier d’arabe, j’ai senti que je respirais à nouveau.
Elles s’assirent à la table, entourées par l’odeur du papier et de la tisane de sauge. Subina tendit la main vers la cuisine :
— Je vais te préparer du thé à la sauge… comme d’habitude.
Abir l’interrompit avec douceur :
— Ne prépare rien… va chercher juste le plateau et repose-toi. Aujourd’hui, j’ai une chose plus importante que le thé.
Pendant que Subina disparaissait dans la cuisine, le mari était assis dans le salon, feignant de feuilleter son téléphone, mais une tension subtile se lisait sur son sourcil.
Abir parla d’une voix douce et basse, accompagnée d’un sourire calme :
— Monsieur Abu Nizar… je sais que vous êtes un homme organisé, et je serai directe, comme d’habitude.
Le mari leva les yeux :
— Vas-y.
Abir continua :
— Qu’est-ce qui t’empêche de laisser Subina poursuivre ses études ? N’est-ce pas son droit ?
Le mari soupira légèrement, avec un ton de mécontentement à peine dissimulé :
— Je ne suis pas contre les études, mais la maison a des priorités… et les filles ont besoin de soins.
Abir sourit :
— Et elle n’a jamais négligé quoi que ce soit. Vous le savez bien…
Puis, avec un ton légèrement défiant :
— Il y a quelque temps, vous aviez demandé à Monsieur Riyad – l’ami de mon père – quelque chose qu’il n’a pas accepté, n’est-ce pas ?
Le mari se contracta légèrement :
— Peut-être… mais quel rapport ?
Abir l’interrompit avec un sourire assuré :
— Le rapport est grand. Hier, il nous a dit combien il vous respecte et a déclaré : « Abu Nizar est un homme généreux, mais il doit savoir que ses demandes sont désormais refusées, et je n’aiderai en rien concernant ses affaires ou son travail », et lorsqu’il a remarqué nos regards rapides, à mon père et à moi, il a ajouté : « Sauf si toi ou ton père intervenez pour son bien. »
Le mari soupira, regardant le sol :
— Alors, tu crois que reprendre ses études va changer quelque chose ?
Abir répondit calmement et clairement :
— Tout va changer… mais pour toi, pour ta maison, et aussi pour que tu sois celui qui décide. Personne ne te force, personne ne te presse. Dis-le-lui toi-même : « Continue, et je suis avec toi. »
Subina entra avec le plateau et le posa sur la table sans remarquer la discussion.
Elle dit en distribuant les tasses :
— Vous avez parlé de quelque chose ?
Il la regarda, balbutiant légèrement, puis esquissa un sourire timide et rare :
— Nous avons parlé. Et je… je veux te dire quelque chose :
Poursuis tes études, Subina. Je suis avec toi… mais à condition de ne pas oublier la maison.
Elle le fixa, étonnée, puis une légère larme coula de ses yeux :
— Vraiment ?
Abir applaudit doucement :
— Oui ! Tu vois ? L’accueil aujourd’hui est différent de toutes les fois…
Subina murmura :
— Merci… pour tout.
Et dans leur dernière conversation, après qu’elle lui ait raconté ce qu’elle avait accompli, il lui écrivit :
« Adieu… Plus de peur désormais… car celui qui sait lire saura comment vivre ! »
(Mais je resterai motivé, non pour lutter, mais pour écouter.)
Elle se pencha légèrement en avant, essuya les coins de sa bouche avec son pouce, comme pour effacer un sourire forcé ou redessiner le sien.
Elle regarda de nouveau dans le miroir.
Elle haussa légèrement les épaules, de manière calculée,
comme si elle écoutait une voix intérieure qui reformait son corps dans sa position.
Elle n’était pas la plus belle dans le miroir…
Mais elle était la plus vraie.
Et cela seul… suffisait amplement.

Titre du livre : Lettres à soi-même
Préparé par : Numan Albarbari

Dédicace :
À l’âme de ma mère…
qui m’a appris
comment la vie avance,
et comment il faut y penser.
Quand devons-nous nous taire ?
Et quand devons-nous écrire ?
Numan

Présentation
Ce livre n’est pas un roman au sens traditionnel, ni un simple recueil de réflexions intellectuelles. C’est un mélange intime de narration, de confidence et de philosophie existentielle, écrit dans la langue de la femme qui parle en silence et cherche à se retrouver à travers les mots. C’est un voyage intérieur qui commence avec « Subina », la femme qui représente chaque femme.

Sommaire
1. Subina : la première graine
2. Qui est la femme ?
3. Salon du soir : discussions sur la liberté et la dignité
4. La femme et la lumière
5. La confusion
6. Le silence
7. La perte
8. Silence de l’émotion
9. La confidence différée
10. L’intuition
11. La nostalgie
12. L’absence
13. Le désir de protection
14. L’étonnement
15. Le combat silencieux
16. Le miroir
17. La peur
18. La combustion intérieure
19. La mémoire des sentiments
20. L’éclat du cœur
21. La timidité
22. La fenêtre à lumière bleue
23. Un miroir qui ne sait pas mentir
24. Petits coups sur le verre
25. Une fenêtre vers une lumière lointaine
26. Un petit bouton… et un monde inconnu
27. L’accord
28. La première réponse
29. La ressemblance des âmes

Résumé rapide
1. Subina : la première graine
(Début de l’histoire avec Subina, son enfance et sa relation à son nom, suivie de la naissance de sa fille Solina. Puis son développement psychologique, son sentiment d’étrangeté et l’émergence de sa première voix intérieure qui réclame d’être vue, et non utilisée.)
(Les autres chapitres suivent le même ordre, chaque chapitre commençant par un titre clair, suivi du texte correspondant.)
29. La ressemblance des âmes
(Conclusion narrative et émotionnelle exprimant le début d’un nouveau voyage à travers l’écriture et la correspondance consciente et intentionnelle, ouvrant la porte à l’espoir et à la reconstruction de soi, non par fuite, mais par renaissance.)

Mot de la fin
Lettres à soi-même n’est pas une quête d’amour, mais une quête de reconnaissance. Voir la femme dans le miroir, non pas avec les yeux des autres, mais avec un regard venant du cœur, sincère. Chaque texte ici est un message suspendu entre le silence et la parole, entre l’incandescence et la renaissance, entre la question et la certitude.
Et peut-être que Subina, dans ce voyage, ne cherche que soi… ou toi.
Numan Albarbari

Première partie du roman Masques de l’esprit : À celle qui ne vint pas

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